France... pourquoi priver les enfants de la joie de jouer ?
- JeanClaude Decalonne
- 1 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 5 jours
Pourquoi ne sommes-nous plus capables, en France, de ce genre d’élan collectif, joyeux, inspirant, qu’on observe dans tant d’autres pays ? Pourquoi la Joie de Jouer Ensemble, de Faire de La Musique ou Réaliser des fresques multicolores, pratiquer sérieusement toutes les formes d’expressions artistiques et créatives semblent-elles avoir quitté notre territoire ? Pourquoi est-il devenu si difficile de monter des projets artistiques simples, enthousiasmants, accessibles aux jeunes ou personnes issus de milieux défavorisés où se sentent exclus ceux qui en auraient le plus besoin ?
Ces questions, nous nous les posons depuis des décennies. Et aujourd’hui encore, en regardant certaines vidéos d’un orchestre jeune et vivant, quelque part dans le monde, nous sommes partagés entre l’admiration et l’amertume ! Car oui, dans bien des pays, des initiatives extraordinaires voient le jour ! Des orchestres, des chœurs, des ateliers pédagogiques naissent dans des quartiers populaires ! Des enfants en difficulté retrouvent une voie, une voix, une place dans l’Harmonie du groupe. Mais en France ? Rien ! Ou si peu !
Notre pays, pourtant riche d’un patrimoine culturel immense, semble avoir oublié l’essentiel : la musique n’est pas un luxe réservé à une élite, mais un outil social fédérateur et pacifique puissant, un moyen d’expression, un chemin vers la confiance, l’épanouissement individuel, la coopération, le vivre-ensemble ! Le Venezuela l’a compris avec “El Sistema“, le modèle des modèles, l’Angleterre l’expérimente à travers des dispositifs publics dans les écoles. L’Italie, l’Allemagne, le Canada, la Corée du Sud, la Grèce… le Japon l’a compris depuis longtemps, maintenant la Chine ; tous ces pays investissent dans la joie collective de jouer, de créer ensemble pour le bien commun !
Et la France ? Elle s’endort ! Pire, elle se replie ! Notre politique culturelle est à bout de souffle ! Les inégalités d’accès aux pratiques artistiques se révèlent cruellement ! Les structures qui favorisent l’éveil artistique des enfants disparaissent les unes après les autres, faute de moyens et manque de volonté politique ! Les ministres passent, les promesses s’effacent pendant que les bonnes volontés s’usent !!!
Et pourtant, nous savons à quel point la musique peut magnifier des vies ! J’ai vu des enfants se transformer dès qu’on leur mettait un instrument de musique dans les mains ! Nous pouvons en témoigner : nous avons vu des regards s’allumer, des sourires, des postures se redresser, des fiertés retrouvées. ! Pour cela, il faut une conviction forte, une vision à long terme, un soutien public structurant ! Et ce qui manque le plus aujourd’hui, c’est bien cela : l’envie d’y croire…
Nous avons des responsables politiques qui, pour la plupart, ne croient plus au pouvoir salvateur des pratiques artistiques ! Ils la considèrent comme un passe-temps éphémère, un divertissement ludique et non comme une urgence éducative ! Ils réduisent les budgets et finissent par décourager les artistes, les éducateurs, les passeurs d’arts !
Il est encore temps de réagir... de remettre la création artistique, la pratique, la joie au cœur de notre projet de société ! Il ne s’agit pas seulement de Culture, mais de lien, de citoyenneté, de démocratie ! Il s’agit de reconstruire une France qui ne se contente pas de contempler son passé culturel, mais qui croit encore en la puissance de l’expression collective exigeante, en l’émancipation par la beauté.
Ce constat ne vise en aucun cas à minimiser le travail formidable de celles et ceux qui, souvent dans l’ombre, s’engagent avec passion pour encadrer des projets artistiques valeureux ! Leur dévouement est admirable, mais ils sont si rares !
Nous nous sommes livrés à un simple calcul : même si la France faisait naître cent orchestres par an dans les écoles et collèges de France, il lui faudrait encore six cents ans pour qu’il y en ait seulement un dans chaque établissement ! Ce chiffre vertigineux dit tout de l’écart entre les besoins et la réalité ! Jusqu’à quand laisserons-nous ce désert artistique s’étendre, pendant que l’imaginaire collectif se fane et que l’égalité d’accès aux pratiques artistiques disparaît des priorités nationales ?
Les prochaines échéances politiques sensibiliseront peut-être quelques futurs élus désireux de donner de vraies chances aux enfants de leurs territoires ! Il ne tient qu’à eux de comprendre qu’un Orchestre, un Atelier d’écriture ou de théâtre, une chorale, ce n’est pas seulement de l’art, c’est un tremplin, une promesse d’espoir et donc d’avenir serein et pacifique !
Oui, le bonheur de jouer a quitté la France, mais il peut sans doute y revenir, si enfin nous laissons les enfants jouer !
Cet article est né d'une discussion entre deux amis qui s'interrogent sur ce que devient la transmission de la musique en France : JeanClaude Decalonne, président de TUTTI Passeurs d’Arts & Michel Hilger “L’Art Au Pluriel“, “Festival intergénérationnel du Grand-Pari’S en Chœur dans L’Art et l’Harmonie“
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