Non, tu ne te ressers pas !
- JeanClaude Decalonne

- 18 oct.
- 2 min de lecture

Le dessin de Boss est d’une justesse cruelle, implacable !
Une religieuse à tête de Coluche, fidèle gardienne du bon sens populaire, sert de la nourriture à des enfants qui tendent leurs assiettes vides. À ses côtés, un homme repu, cravaté, bedonnant, s’est déjà bien restauré. Mais voilà qu’il plonge sa main dans la marmite commune pour se resservir.
Alors, la sœur abat le couvercle sur sa main et tonne :
« Non ! Tu ne te ressers pas… pas tant que tout le monde n’est pas servi ! »
C’est une scène de cuisine, mais c'est surtout une leçon d’humanité... un rappel à l’ordre pour notre époque, où le partage n’est plus une vertu mais une gêne, et où l’appétit des uns dévore littéralement la survie des autres.
L’éducation perdue du partage
Ce principe d’éducation élémentaire, attendre que chacun ait eu sa part, semble avoir disparu du monde des puissants. Les plus fortunés ont décidé que le moindre bien de cette planète leur était réservé.
Ils se resservent sans scrupule, pendant que des millions d’êtres humains attendent encore qu’on leur tende une assiette.
Cette confiscation permanente des richesses n’est pas seulement immorale : elle est meurtrière. Elle engendre des inégalités insoutenables, provoque des famines, des suicides, des révoltes, et détruit à petit feu la confiance dans nos sociétés.
Comment parler de démocratie quand la moitié du monde ne mange pas à sa faim, tandis que l’autre moitié s’indigne seulement du prix du dessert ?
Les mains pleines et les cœurs vides
Faut-il avoir du respect pour ceux qui amassent sans mesure ?
Pour ceux qui s’enrichissent par habitude, qui prennent tout en ne laissant que le minimum (et encore !) à celles et ceux qui produisent leur richesse ? Ces nouveaux maîtres du monde se croient brillants parce qu’ils accumulent. Mais ce qu’ils amassent n’a plus rien à voir avec la réussite, c’est une défaite morale.
Pendant qu’ils empilent les zéros sur leurs comptes, des enfants grandissent dans la peur du lendemain et dans leurs yeux, dans ces regards que les bénévoles, les artistes, les enseignants, croisent chaque jour, il y a pourtant une lumière que l’argent n’achètera jamais : celle de l’espérance.
Le dessin de Boss résume tout cela d’un trait : un couvercle qui claque sur la main d’un égoïsme devenu système. Un geste simple, juste, symbolique. Un rappel d’éducation que nous devrions enseigner partout.
Et si le monde apprenait des orchestres ?

Pourquoi est-ce que je vous parle de tout cela ?
Parce qu’au fond, la société ressemble à un orchestre qui aurait oublié sa partition... où des solistes jouent pour eux-mêmes, couvrant les autres, sans se soucier de l’harmonie collective.
Or, dans un orchestre, chacun a sa place, chacun est indispensable à la beauté de l’ensemble.
Le plus jeune des percussionnistes, la flûtiste timide du second pupitre, le contrebassiste au fond de la scène… tous apprennent qu’ils portent, ensemble, quelque chose de plus grand qu’eux.
Personne ne se ressert avant les autres : on attend le geste du chef, on écoute, on respire, on partage. JeanClaude Decalonne





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