Des instruments pour faire la paix !

La meilleure façon de protéger un enfant, c'est l'éducation, l'apprentissage de la beauté et du vivre ensemble.

C'est un instrument de musique qu'un enfant doit avoir dans les mains. Pas une arme... Une jeune femme est tombée. Mélanie, 31 ans. Assistante d’éducation. Maman. Engagée. Elle a été tuée devant un collège, par un élève de 14 ans. Ce n’est pas un cauchemar, c’est notre réalité. Que s’est-il passé dans la tête de cet adolescent ? Comment en arrive-t-on là, à cet instant d’horreur froide, incompréhensible, irrattrapable ? L’école est sidérée, et avec elle, tous ceux qui portent encore la croyance que l’éducation peut transformer une vie.

Mais ce n’est pas un fait isolé. C’est le symptôme d’un dérèglement profond, une perte de repères, de liens, de langage, d’écoute. Un nombre grandissant de jeunes se perdent, s’effacent, explosent. Et nous ? Nous observons, démunis.

Je suis persuadé d’une chose, radicale, simple, humaine : L’art peut sauver. Pas au sens symbolique. Concrètement. Socialement. Durablement. Offrir un violon à un enfant de quartier populaire, créer un chœur dans un collège ou juste à côté, faire entrer le théâtre, l’écriture, la danse dans des établissements fatigués par le silence ou les cris, ce n’est pas accessoire. C’est vital.Regardons ailleurs. Le Venezuela, l’un des pays les plus violents du monde, a vu naître El Sistema, un dispositif orchestral qui a sorti des centaines de milliers de jeunes de la violence, de l’errance, du désespoir. Ce modèle a fait ses preuves. Et pourtant… combien d’oreilles sourdes ici, chez nous ? Combien de responsables politiques refusent encore de voir ce que l’art peut réparer ?Je le redis avec force. Faciliter l’accès aux arts dans les territoires fragilisés n’est pas une lubie d’artiste, c’est une stratégie sociale. Une prévention. Une reconstruction. Il ne s’agit pas seulement d’enseigner à jouer ou chanter juste, il s’agit d’apprendre à vivre ensemble, à se respecter, à se reconnaître, à se canaliser, à s’exprimer autrement. C’est ce que nous faisons, chaque jour, dans les dispositifs TUTTI Passeurs d’Arts.Créer des orchestres dans les quartiers. Des lieux de rigueur, de beauté, de fraternité.

Pour Mélanie… pour celles et ceux que nous perdons faute d’avoir su les regarder, les écouter, les éveiller.

JeanClaude Decalonne

Président de TUTTI Passeurs d’Arts