Et si l’art n’était pas un luxe… mais une urgence ?

Il m’arrive d’entendre, parfois même de la part de personnes proches et cultivées, que l’art, la musique, la poésie ou la scène sont des activités secondaires. Que seuls les “grands artistes”, ceux qui inventent, créent ou excellent techniquement, méritent d’être considérés comme essentiels.

Et, pour tous les autres, notamment ceux des quartiers dits “sensibles”, l’art serait au mieux un loisir, au pire un caprice inutile. Je ne peux pas rester silencieux face à de tels propos.

La joie de jouer les cordes de Verna. Image TUTTI Passeurs d'Arts

Ce que je vois, vis, soutiens depuis des années, c’est tout l’inverse. Dans les quartiers populaires, ce n’est pas de discipline que manquent les enfants, mais de confiance en eux, de visibilité, d’attention. Ce n’est pas de rêves qu’ils manquent, mais de lieux pour les faire vivre.

Et dans ces quartiers, c’est précisément la sensibilité qu’il faut préserver. Elle est là, à fleur de peau. Fragile. Vivante. Prête à éclore. Encore faut-il lui donner un espace pour s’exprimer.

L’orchestre est cet espace.

Un lieu unique où chacun commence à égalité.

Un lieu où l’écoute n’est pas une consigne, mais une nécessité.

Un lieu où le “je” ne peut exister sans le “nous”.

Un lieu où les talents se révèlent… sans jamais humilier les autres.

J'affirme avec force qu'il n’y a pas de société apaisée sans culture partagée.

Il n’y a pas de République qui tienne sans que l'art soit accessible à tous.

Et il n’y a pas de démocratie vivante si on accepte que la plupart de nos enfants grandisse sans beauté.

L’art n’est pas un supplément d’âme pour ceux qui ont déjà tout. C’est un acte de justice, un vecteur d’équilibre, un outil de transformation.

Et c’est pourquoi, plus que jamais, les Passeurs d'Arts s'engagent pour que chaque enfant, où qu’il vive, puisse un jour entendre : “Il y a une place pour toi dans l’orchestre.”