Deux combats pour une même colère

Claire Nouvian et son combat pour les océans. Pendant que le sommet de Nice prétend dessiner l’avenir des océans, Claire Nouvian se bat, sans relâche, pour dénoncer l’hypocrisie des discours, les reculs déguisés en progrès, et les intérêts privés qui gouvernent trop souvent la politique publique.Elle le fait avec précision, passion et courage. Elle le paie de son sommeil. Elle le paie même d’intimidations à son propre domicile.

BLOOM ou TUTTI... Deux combats. Deux voix. Une même colère

Pendant ce temps, je me bats moi aussi, pour un autre océan. Celui de l’enfance… un océan d’inégalités dans l’accès à l’art, à la musique, à la beauté. Des milliers d’enfants, dans nos villes et nos villages, sont privés de toute pratique artistique, on pas par choix, mais par absence d’offre, par fatalisme administratif, ou par cette vieille idée pernicieuse selon laquelle l’art ne serait réservé qu’à ceux qui peuvent se l’offrir.

Claire défend les espèces invisibles, les abysses silencieux, le droit des poissons à exister loin des filets industriels et moi, je défends le droit d’un enfant de banlieue ou de n’importe quel endroit de France ou d’ailleurs à chanter, à faire vibrer un violon, une trompette, une flûte, à rejoindre un orchestre, à se sentir digne. Elle parle pour ceux qui ne parlent pas, je fais jouer ceux qu’on n’écoute jamais.

Nous sommes tous deux ce que l’on appelle des entrepreneurs sociaux, des Ashoka Fellows et ce que nous avons en commun, au-delà de nos causes respectives, c’est cette impossibilité de détourner le regard. Nous ne pouvons pas faire "comme si". Ces injustices nous hantent. Elles nous réveillent la nuit. Elles nous tiennent debout.

Pendant ces quatre jours à Nice, je penserai à Claire, à sa voix qui dérange. Je penserai aussi à ceux qui aimeraient qu’elle se taise… à cette tentative inacceptable de l’intimider pour étouffer ses alertes.

“Le courage a donc un prix, mais il en coûte bien plus de se taire !“ JeanClaude Decalonne